69 747 KM SANS CARBURANT
02 août 2016, Belvedere Nissan
Comment s’est passé votre voyage ?
Ç’a été fantastique. Le voyage a pris des proportions que je n’avais pas imaginées. J’ai rencontré des centaines et des centaines de gens incroyables. Les gens voyaient mes plaques d’immatriculation de New York sur ma voiture électrique et ils se disaient : « Hey, cette voiture est censée faire 120 km avec une recharge. Qu’est-ce qu’elle fait au Dakota-du-Sud ? » Au total, le voyage a duré 235 jours, incluant les jours de repos.
Avez-vous eu des ennuis mécaniques ?
Aucun. C’est ce qui est particulier avec les voitures électriques. Il n’y a rien à faire, pas de vidange d’huile, pas d’usure des freins, car le freinage est fait par le moteur et sert à récupérer l’énergie et recharger la batterie. J’ai eu deux clous dans les pneus, mais ça ne m’a pas ralenti. Dans ma meilleure semaine, j’ai fait 4500 km. Je dormais souvent dans ma voiture. Et des gens m’offraient de dormir chez eux, et c’était très apprécié. On peut dormir dans sa voiture, mais on n’est pas bien reposé quand on fait ça… J’ai même passé Noël dans l’île de Victoria, en Colombie-Britannique. Un auteur et partisan des énergies vertes m’a payé une chambre au Fairmont Empress, un hôtel quatre étoiles. Je n’en revenais pas. J’étais fatigué et ça m’a remis sur pied. Sans l’aide des gens que j’ai rencontrés sur ma route, je crois que je n’aurais pas été capable de faire ce voyage. Là, je dois m’asseoir et envoyer des centaines de mots de remerciements.
Avez-vous eu des déceptions ?
Oui, quelques-unes. Ma batterie est tombée à plat à moins de 1 km du sommet de la route de Pikes Peak, un pic situé à plus de 4000 m au Colorado. Quelques mètres de plus et j’aurais pu continuer mon chemin et recharger ma batterie avec le freinage de la descente légendaire… Quand je suis retourné à la base, ma batterie était d’ailleurs rechargée à 33 %. Je l’ai fait le lendemain. Et puis je suis aussi resté coincé, avec plusieurs autres automobilistes, dans une tempête de neige au Nouveau-Mexique. Je ne m’attendais pas à ça ! Mon voyage a surtout montré qu’on ne doit pas avoir peur de parcourir de grandes distances avec une voiture électrique. Je faisais en moyenne 340 km par jour, souvent en passant dans les petites villes que je n’aurais pas découvertes autrement. Et la nouvelle génération de voitures va avoir une autonomie bien plus grande que ma Nissan Leaf 2013 de toute façon.
L’objectif de votre voyage était de démontrer aux gens sur la route que les voitures électriques sont fiables et économiques. Croyez-vous avoir réussi ?
Oui ! J’ai répondu à un nombre incalculable de questions. Les gens sont très intéressés par cette technologie. J’ai même converti des gens sur place. Un jour, j’étais sur un traversier dans l’État de Washington, la mer était houleuse et j’avais mal au cœur. Un couple a commencé à regarder ma voiture et à s’y intéresser. D’habitude, j’allais toujours parler aux gens curieux, mais cette fois-là, j’avais mal au cœur et je suis resté assis dans l’auto. Ils sont restés tellement longtemps que j’ai fini par aller leur parler. Au bout de trois minutes, le type m’a dit : « Tu sais quoi ? Tu viens de changer mon opinion à propos de cette voiture. » Ce sont des moments comme ça, avec des inconnus, sur un traversier à l’autre bout du pays, qui font que je me dis que mon voyage en valait la peine.
Quels sont vos projets maintenant ?
Je suis en pourparlers avec des partenaires en Californie pour essayer d’y lancer une entreprise. C’est lié à la recharge de voitures électriques. Les bornes de recharge ne sont pas toutes compatibles, et je pense avoir trouvé une innovation qui pourrait les améliorer. Actuellement, les bornes sont concentrées autour des grands centres urbains, avec de grands pans des États-Unis qui sont peu couverts. Je veux lancer mon entreprise en Californie, car c’est vraiment la capitale mondiale du design et du développement des véhicules électriques.